Lettresd’un poilu de CouffĂ© : souvenir de la guerre 14-18. Seules quelques familles ont eut la chance de retrouver les lettres que leur aĂŻeul envoyait du front. Dans ces lettres se trouvent toute la vie et les pensĂ©es qu’un poilu Prometsmoi aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă  ĂȘtre heureuse, de continuer Ă  sourire Ă  la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cƓur au Monpapa en guerre : Lettres de poilus, mots d'enfants 1914-1918 de GuĂ©no, Jean-Pierre et d'autres livres, articles d'art et de collection similaires disponibles sur AbeBooks.fr. STALINE un monde nouveau vu Ă  travers un homme ZOLA. LETTRES de lenine A SA famillr, prĂ©sentĂ©es par Henri Barbusse avec la collaboration d'Alfred Kurella. Les ouvrage» dont les titres sont suivis du signe Il ont Ă©tĂ© publiĂ©s par la Librairie Flammarion. Plusd'un siĂšcle aprĂšs, ce vendredi 23 fĂ©vrier 2018, la police marseillaise a retrouvĂ© les descendants de ce poilu en CĂŽte-d'Or et pu remettre la missive Ă  sa famille. Magnifiquelettre d’amour d’un homme Ă  sa femme : Souffle coupĂ©. Tu Ă©tais si belle cette nuit quand je me suis rĂ©veillĂ© transpirant. Si belle de sĂ©rĂ©nitĂ©. Es-tu la derniĂšre ? Vais-je un jour ressentir le frĂ©missement d’une nouvelle histoire parcourir mon corps ? Ta peau est-elle la derniĂšre que je vais effleurer de mes doigts ? rRKMmZ. PubliĂ© le 14/12/2019 Ă  0930 Les lettres achetĂ©es par Manon ont Ă©tĂ© Ă©crites depuis le front par Joseph Avignon, lors de la PremiĂšre Guerre mondiale. Manon Hoarau INTERVIEW - À l’occasion d’un vide-greniers, Manon Hoarau a achetĂ© un paquet de missives Ă©crites depuis le front par un soldat Ă  son Ă©pouse. AprĂšs une longue enquĂȘte, la jeune femme a remis sa prĂ©cieuse trouvaille Ă  l’un des descendants du 24 ans, Manon Hoarau a la passion des brocantes. C’est dans l’une d’elles, Ă  Toulouse, qu’elle dĂ©couvre des lettres qu’un certain Joseph Avignon, mobilisĂ© lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, a Ă©crites Ă  son Ă©pouse depuis le front. TrĂšs vite, la jeune femme se met en tĂȘte de retrouver, aprĂšs plus d’un siĂšcle, la famille de ce poilu. Elle raconte l’enquĂȘte qu’elle a menĂ©e pour retrouver les descendants du soldat et leur restituer sa prĂ©cieuse trouvaille. Une longue recherche dont elle a tirĂ© un lire aussi Les belles lettres d’amour d’un poilu Ă  son Ă©pouse retrouvĂ©es dans un grenierLE FIGARO. - Comment tout a commencĂ©?Manon HOARAU. - Je frĂ©quente trĂšs souvent les vide-greniers. Un jour, sur celui de la place Saint-Aubin, Ă  Toulouse, j’ai vu une trĂšs grande malle avec beaucoup de papiers. Tout de suite, cela m’a tapĂ© dans l’Ɠil. Je me suis mise Ă  fouiller et je me suis aperçue qu’il y avait un ensemble de lettres qui semblaient Ă©crites par la mĂȘme personne. J’ai commencĂ© Ă  les rassembler et c’est Ă  ce moment-lĂ  que le brocanteur m’a interpellĂ©e. Il m’a dit qu’il s’agissait de lettres d’un poilu Ă  sa femme et qu’il en avaitlu quelques-unes par curiositĂ©. C’est un peu lui qui m’a poussĂ©e Ă  les acheter, il m’a trĂšs bien vendu la chose. J’ai passĂ© un bon moment Ă  toutes les rassembler pour ĂȘtre sĂ»re de ne pas en oublier et j’ai achetĂ© le lot. Une fois que j’ai fini de les lire, j’ai eu le sentiment que ces lettres ne m’appartenaient pas et quelles devaient revenir Ă  la famille » AprĂšs ça, j’ai dĂ» tout trier, elles Ă©taient dans le dĂ©sordre, certaines n’étaient pas dans les bonnes enveloppes. C’était un peu le chaos. En les classant, je les ai lues une premiĂšre fois. C’est ainsi que j’ai dĂ©couvert la vie de Joseph Avignon et toutes ses pĂ©ripĂ©ties. Une fois que j’ai fini de les lire, j’ai eu le sentiment que ces lettres ne m’appartenaient pas et qu’elles devaient revenir Ă  la famille. J’ai commencĂ© Ă  faire des recherches sur Valentine, la fille de Joseph, puisqu’il en parlait souvent dans ses lettres. J’ai demandĂ© Ă  la mairie oĂč elle Ă©tait nĂ©e son acte de mariage. Sauf que comme je n’étais pas de la famille et je n’ai pas pu avoir accĂšs Ă  la filiation. AprĂšs ça, je ne savais plus comment enquĂȘter donc j’ai arrĂȘtĂ© mes lettres de Joseph Avignon. Manon HoarauL’histoire a ensuite connu un second souffle. Lorsque j’ai rencontrĂ© Mehdi qui anime le compte YouTube Sylartichot, qui compte plus de abonnĂ©s, NDLR, nous avons parlĂ© de ces lettres. Il a trouvĂ© l’histoire gĂ©niale et m’a proposĂ© de m’offrir un relais, comme il bĂ©nĂ©ficie d’une communautĂ© - et donc d’une visibilitĂ© - que je n’aurais pas pu avoir. C’est comme cela que l’enquĂȘte s’est accĂ©lĂ©rĂ©e, grĂące Ă  qui vous a touchĂ©e dans ces lettres?Le cheminement de Joseph est particuliĂšrement touchant. Au dĂ©but, il est trĂšs optimiste et persuadĂ© de rentrer chaque semaine. Il protĂšge Ă©normĂ©ment sa femme, il lui dit que tout va bien, qu’il fait bon, qu’il ne manque de rien. Puis, cela change il se met Ă  Ă©crire qu’il rentrera le mois prochain, peut-ĂȘtre pendant l’étĂ©. Il perd de plus en plus espoir. Il y a une lettre oĂč tout bascule. Elle fait six ou sept pages. Il y raconte les journĂ©es de marche, les nuits dans les tranchĂ©es, les batailles, sa lassitude
 DĂšs lors, ses rĂ©cits sont extrĂȘmement violents. Il Ă©crit de façon trĂšs narrative et descriptive, ce qui donne l’impression de vivre avec lui tout ce qu’il a endurĂ©. À un jour prĂšs, il aurait pu rentrer chez lui » Comment avez-vous appris le dĂ©cĂšs de Joseph?J’ai dĂ©couvert assez vite qu’il Ă©tait mort Ă  la guerre. J’avais son livret avec un matricule, donc j’ai tout de suite fait des recherches sur le site du gouvernement afin de savoir s’il avait rĂ©chappĂ© Ă  la Grande Guerre. C’est lorsque j’ai lu la derniĂšre lettre que j’ai compris qu’il Ă©tait mort le jour oĂč il devait rentrer en permission. Il a Ă©chappĂ© Ă  la mort Ă  de nombreuses reprises. À un jour prĂšs, il aurait pu rentrer chez lettre de Joseph Avignon. Manon HoarauL’enquĂȘte a Ă©tĂ© longue pour retrouver les descendants...L’enquĂȘte s’est certes Ă©talĂ©e sur deux ans, mais elle a finalement Ă©tĂ© trĂšs rapide. De mon cĂŽtĂ©, j’avais dĂ©couvert que sa fille Valentine n’avait pas de descendance directe. Je m’étais arrĂȘtĂ©e lĂ . Mes recherches ont Ă©tĂ© mises en pause jusqu’à ce que nous dĂ©cidions de lancer un appel sur Twitter avec Sylartichot. Nous avons publiĂ© le message autour du 20 septembre. Moins d’une semaine aprĂšs, nous avions retrouvĂ© Alain, le descendant. En trois jours, nous avions son nom. Je l’ai ensuite appelĂ© plusieurs fois pour lui demander s’il voulait rĂ©cupĂ©rer les lettres. Une semaine aprĂšs, j’étais Ă  avez ensuite Ă©laborĂ© un documentaire sur cette enquĂȘte...Oui. Il Ă©voque Ă  la fois l’histoire du soldat mais aussi ma quĂȘte de ses descendants.» VIDÉO - Le documentaire de Sylartichot et Manon HoarauDans quel Ă©tat d’esprit Ă©tiez-vous lors de l’enquĂȘte?Pendant deux ans, il ne s’est rien passĂ© donc j’ai laissĂ© tomber mĂȘme si j’avais trĂšs envie de rendre les lettres. J’avais baissĂ© les bras, au point que j’ai pensĂ© donner les lettres Ă  un musĂ©e ou Ă  des archives pour qu’elles puissent ĂȘtre conservĂ©es. Mais au moment oĂč nous avons relancĂ© l’enquĂȘte, tout s’est passĂ© trĂšs vite. Il y a eu un tel engouement, le nombre de partages a dĂ©collĂ© tellement vite que je me suis dit que ça allait lire aussiLes lettres de poilus du Figaro 1914-1916Qu’avez-vous ressenti lors de la remise des lettres au descendant de Joseph?Tellement d’émotions! Nous avons beaucoup parlĂ©, nous sommes restĂ©s ensemble pendant plus d’une heure. C’était intĂ©ressant pour lui de comprendre comment j’avais eu ces lettres. Alain, le descendant, Ă©tait le petit-fils de la demi-sƓur du soldat. Il avait trĂšs bien connu sa grand-mĂšre. Il avait mĂȘme vĂ©cu avec elle. Mais aussi Ă©trange que cela puisse paraĂźtre, elle ne lui avait jamais parlĂ© de Joseph... Martin Vaillagou est nĂ© le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a Ă©pousĂ© sa femme EugĂ©nie en 1900 et il est venu vivre avec elle Ă  Malakoff, prĂšs de Paris. LĂ , ils ont fondĂ© ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospĂšre. Deux enfants sont nĂ©s Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin Ă©tait admirateur de JaurĂšs et poĂšte Ă  ses heures. MobilisĂ© comme ses quatre frĂšres, le soldat Vaillagou Ă©tĂ© tuĂ© avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la rĂ©gion de Mourmelon, le 25 aoĂ»t 1915, un mois avant la mort de deux de ses frĂšres, tuĂ©s le mĂȘme jour et au mĂȘme endroit. Maurice, son fils aĂźnĂ© qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dĂ» travailler aprĂšs la mort de son pĂšre dans une entre­prise de produits chimiques. Il est mort d'une leucĂ©mie foudroyante en janvier 1918, trois ans aprĂšs son pĂšre. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux Ă  Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais tra­cer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer Ă  maman, Ă  moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pour­rai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sĂ»r. Ce n'est pas main­tenant le moment d'aller les dĂ©coiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut rĂ©flĂ©chir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien Ă©crive Ă  son pĂšre la mĂȘme chose que toi et qu'il lui demande un kĂ©pi de Français, et si ce papa prussien rapportait un kĂ©pi de Français Ă  son petit garçon et que ce kĂ©pi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer Ă  toi, Ă  Raymond, maman peut les rece­voir aussi, des petites fleurs de primevĂšres que les petits enfants garçons et filles du pays oĂč je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette annĂ©e dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de mĂȘme. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu Ă  leur malheur de n'ĂȘtre plus dans leur maison. Je vois, je mets mĂȘme mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a lĂ  deux, mĂȘme que je ne peux voir sans penser Ă  vous et les larmes aux yeux me disent que vous ĂȘtes tout de mĂȘme heureux par rap­port aux autres... Suippes Marne, le 26 aoĂ»t 1914 Vaillagou Martin Ă  ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dĂ©vastation oĂč nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une prĂ©cieuse relique; vous obĂ©irez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous Ă©lever et vous instruire jusqu'Ă  ce que vous puissiez vous instruire vous-mĂȘme pour comprendre ce que j'Ă©cris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours Ă  faire l'impossible pour maintenir la paix et Ă©viter Ă  tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiĂ©s, animaux pĂ©rissant dans les flammes. Etres humains dĂ©chiquetĂ©s par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'Ă  prĂ©sent les hommes n'ont appris qu'Ă  dĂ©truire ce qu'ils avaient créé et Ă  se dĂ©chirer mutuelle­ment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement Ă  crĂ©er la prospĂ©ritĂ© et la fraternitĂ© de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre pĂšre qui du front de bataille vous embrasse avec effusion, Lettre d’EugĂšne-Emmanuel Lemercier Ă  sa mĂšre, 22 fĂ©vrier 1915 Tu ne peux savoir, ma mĂšre aimĂ©e, ce que l’homme peut faire contre l’homme. Voici cinq jours que mes souliers sont gras de cervelles humaines, que j’écrase des thorax, que je rencontre des entrailles. Les hommes mangent le peu qu’ils ont, accotĂ©s Ă  des cadavres. Le rĂ©giment a Ă©tĂ© hĂ©roĂŻque nous n’avons plus d’officiers. » Lettres d’un soldat, Chapelot, 1916, p. de Henri Barbusse Ă  sa femme, 21 juin 1915 Dans le boyau mĂȘme, il y avait des cadavres qu’on ne peut retirer de lĂ  ni ensevelir on n’a pas eu le temps jusqu’ici, et qu’on piĂ©tine en passant. L’un d’eux, qui a un masque de boue et deux trous d’yeux, laisse traĂźner une main qui est effilochĂ©e et Ă  moitiĂ© dĂ©truite par les pieds des soldats qui se hĂątent, en file, le long de ce boyau. On a pu le voir, le boyau Ă©tant couvert Ă  cet endroit, on a allumĂ©, une seconde. N’est-ce point macabre, ces morts qu’on use de la sorte comme de pauvres choses ? » Lettres de Henri Barbusse Ă  sa femme, 1914-1917, Ernest Flammarion Ă©diteur, 1937, p. de Maurice Genevoix, 1915 Cette guerre est ignoble j’ai Ă©tĂ©, pendant quatre jours, souillĂ© de terre, de sang, de cervelle. J’ai reçu Ă  travers la figure un paquet d’entrailles, et sur la main une langue, Ă  quoi l’arriĂšre-gorge pendait
 
 Je suis Ă©cƓurĂ©, saoul d’horreur. » CitĂ©e dans Les Eparges 1923, Ceux de 14 1949, Flammarion, 1990, p. de Fernand LĂ©ger Ă  Louis Poughon, 30 octobre 1916 Les dĂ©bris humains commencent Ă  apparaĂźtre aussitĂŽt que l’on quitte la zone oĂč il y a encore un chemin. J’ai vu des choses excessivement curieuses. Des tĂȘtes d’hommes presque momifiĂ©es Ă©mergeant de la boue. C’est tout petit dans cette mer de terre. On croirait des enfants. Les mains surtout sont extraordinaires. Il y a des mains dont j’aurais voulu prendre la photo exacte. C’est ce qu’il y a de plus expressif. Plusieurs ont les doigts dans la bouche, les doigts sont coupĂ©s par les dents. J’avais dĂ©jĂ  vu cela le 13 juillet en Argonne, un type qui souffre trop se bouffe les mains. Pendant prĂšs d’une heure avec des attentions de chaque minute pour ne pas me noyer car tu n’ignores pas que de nombreux blessĂ©s meurent noyĂ©s dans les trous des 380 qui ont 3 mĂštres de profondeur et pleins d’eau. [...] Il faut savoir ces choses-lĂ . » Fernand LĂ©ger, une correspondance de guerre, Les Cahiers du MusĂ©e national d’art moderne, Hors sĂ©rie / archives, 1997, p. inconnu Paroles prononcĂ©es par un pupille de l’Assistance publique, quelques secondes avant sa mort, le 22 mai 1916 Ecrivez Ă  Monsieur Mesureur que G. est mort Ă  Verdun, qu’il est perdu dans un grand champ de bataille comme un jour il fut trouvĂ© dans la rue. » La derniĂšre lettre Ă©crite par des soldats français tombĂ©s au champ d’honneur, 1914-1918, Flammarion, 1921, p. 129. Le 31 aoĂ»t 1916, Albert LEMORE de Saint-Rimay Loir-et-Cher fait Ă  son Ă©pouse “Fanie” un rĂ©cit dĂ©taillĂ© d’un combat de la bataille de Verdun auquel il vient de participer “Ma ChĂšre Fanie, je vais te raconter nos misĂšres et je profite d’un moment oĂč nous sommes un peu tranquilles. Nous sommes donc partis d’Haudainville le 25 au soir et arrivĂ©s avec beaucoup de peines vers deux heures du matin le 26 Ă  notre emplacement. En arrivant nous n’avions pour tout que des trous d’obus pour nous cacher. J’ai oubliĂ© de te dire que nous sommes un peu Ă  droite de Fleury et dans un bois oĂč il ne reste que les ruines en l’air en face le Fort de Vaux. Je crois que l’endroit s’appelle Vaux Chapitre. Je te disais donc que nous n’avions que des trous d’obus pour nous abriter, nous nous sommes donc mis Ă  travailler pour nous creuser quelques abris. Nous Ă©tions tout le rĂ©giment, c’est-Ă -dire trois bataillons, le mien c’est le 5Ăšme, le bombardement a commencĂ© vers neuf heures et lĂ  il a fallu nous cacher dans nos trous car comme je t’avais dit nous savions que l’on nous faisait attaquer ce qui Ă©tait loin de nous plaire et quand nos artilleurs ont commencĂ© Ă  tirer les boches n’ont pas Ă©tĂ© paresseux ils avaient de quoi rĂ©pondre Jusqu’à cinq heures du soir notre artillerie n’a cessĂ© de tonner c’était lĂ  l’heure de l’attaque. Deux compagnies par bataillon devaient attaquer et la troisiĂšme de soutien. C’était chez nous la 17 et 18 et nous nous Ă©tions en arriĂšre mais pas de beaucoup 50 Ă  soixante mĂštres. A l’heure de sortir, c’est-Ă -dire dĂšs que les boches ont aperçu les premiers hommes français ils ont redoublĂ© de croissance leurs bombardements, les fusils et mitrailleuses se sont mis en marche et les quelques courageux qui Ă©taient montĂ©s les premiers sont tombĂ©s de suite les autres plus prudents ne sont pas sortis l’attaque a donc Ă©chouĂ© complĂštement. On devait nous faire remettre ça le lendemain Ă  la 19Ăšme mais lĂ  pas un n’aurait sorti de son trou, mais comme les pertes Ă©taient dĂ©jĂ  trĂšs Ă©levĂ©es et en plus que toute la nuit nous avions souffert du bombardement et de la pluie qui tombait Ă  flots il y a heureusement eu contre ordre, mais le 28 ça Ă©tĂ© le tour aux boches aprĂšs nous avoir bombardĂ©s violemment ils ont essayĂ© une premiĂšre attaque vers huit heures et une seconde une heure plus tard eux aussi sont tombĂ©s sur un manche et n’ont pu sortir. Le lendemain soir 29 nous avons encore cru Ă  une attaque ennemie mais elle n’a pas eu lieu. Ce matin Ă  huit heures ils ont recommencĂ© mais lĂ  encore ça s’est terminĂ© en peu de temps et ni nous ni eux ne pouvons avancer sous un pareil feu, c’est atroce et honteux de voir de pareilles choses. Comme pertes nous n’avons pas beaucoup de tuĂ©s mais encore que trop, quant aux blessĂ©s ils sont nombreux et tant mieux pour celui qui a la bonne blessure. Ce qui est le plus Ă  dĂ©plorer c’est que beaucoup sont tuĂ©s ou blessĂ©s par nos canons de 75 ce matin encore Ă  la compagnie il y a un tuĂ© et cinq blessĂ©s par notre artillerie. C’est cela qui nous dĂ©courage le plus de voir des camarades tomber par nous. Je ne te donnerai pas grands dĂ©tails sur les camarades du pays mais je crois qu’ils sont en bonne santĂ©. J’ai eu des nouvelles d’Edmond DOLBEAU le lendemain de l’attaque qu’il n’avait rien. Son caporal GRENET de Saint-Martin doit ĂȘtre blessĂ©. Je n’ai pas de nouvelles de RENIER ni de Louis FURET mais je crois qu’ils n’ont rien et quoi que nous avons peut-ĂȘtre encore plusieurs jours Ă  faire dans ce mauvais coin j’espĂšre m’en tirer sain et sauf 
 Enfin, depuis six jours ma pauvre femme il y a le tiers d’hommes blessĂ©s dans le rĂ©giment. Au revoir et Ă  demain. Je t’embrasse de tout cƓur ainsi que toute la famille. Albert LEMORE Ă©tait nĂ© le 18 juin 1877 Ă  Saint-Rimay, fils de RenĂ© et Marie ROUSSELET. Exerçant la profession de vigneron, il habitait au lieu-dit Villebazin Ă  Saint-Rimay. Ayant Ă©pousĂ© NoĂ©mie HUBERT, nommĂ©e Fanie dans sa lettre, il avait deux enfants RenĂ© nĂ© en 1906 et Albert nĂ© en 1910. Il avait Ă©tĂ© incorporĂ© le 3 aoĂ»t 1914 au 86Ăšme rĂ©giment d’infanterie territoriale. Il fut tuĂ© Ă  l’ennemi le 15 aoĂ»t 1918 Ă  Vic-sur-Aisne. -35% Le deal Ă  ne pas rater KRUPS Essential – Machine Ă  cafĂ© automatique avec broyeur Ă  ... 299 € 459 € Voir le deal Le Forum Des Lecteurs Forum Livre LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale classification par genres Culture gĂ©nĂ©rale 5 participantsAuteurMessageMargotPimousse cassisNombre de messages 2309Localisation Con Quijote perdida en la Mancha Date d'inscription 18/02/2005Sujet Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1236 Ils avaient 17 ou 25 ans. Se prĂ©nommaient Gaston, Louis, RenĂ©. Ils Ă©taient palfreniers, boulangers, colporteurs, ouvriers ou bourgeois. Ils devienrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers...Voyageurs sans bagages, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants, et revĂȘtir l'uniforme mal coupĂ©, chaussures et godillots cloutĂ©s...Sur 8 millions de mobilisĂ©s entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de 4 millions subirent des blessures graves ...Mon avis touchant, bouleversant. Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Brume crĂ©pusculaireMadame TotoroNombre de messages 521Age 43Localisation entre les rĂȘves et l'Ă©cume des vaguesDate d'inscription 26/12/2005Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1545 Oui, je confirme, bouleversantes ces lettres ...Il y a quelques annĂ©es j'avais bossĂ© sur quelques lettres avec mes CM2 ... J'avoue que c'est une des seules leçon d'histoire qui l'ait intĂ©ressĂ©s ... j'avais choisi quelques lettres bien poignantes, deux d'entre elles les avaient interpellĂ© l'Ă©pisode oĂč les allemands tuent tous les blessĂ©s d'un hĂŽpital et les infirmiĂšres et un autre oĂč des soldats français sauvent des blessĂ©s allemands ... jujugStagiaire en bibliothĂšqueNombre de messages 57Localisation Saint Brice sous forĂȘt 95Date d'inscription 01/02/2006Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1548 Citation Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Je suis assez d'accord pour dire que cet ouvrage fait vivre largement mieux le thĂšme de la guerre 14-18 que tout autre ouvrage historique, ou du moins qu'il est un prĂ©alable indispensable si l'on veut un minimum comprendre la pĂ©riode. D'ailleurs, je m'en sers systĂ©matiquement dĂšs que j'aborde ce thĂšme en contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s. Dans la mĂȘme collection et sur un thĂšme diffĂ©rent, il y a Ă©galement '"paroles d'Ă©toiles" tĂ©moignages cinquante ans aprĂšs d'enfants juifs cachĂ©s pour Ă©viter les rafles pendant la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas du tĂ©moignage Ă  chaud comme pour les poilus mais c'est Ă©mouvant Ă©galement. jonkalakDouble daddyNombre de messages 2435Age 45Localisation Planet earthDate d'inscription 25/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Ven 17 Nov 2006 - 1552 Je n'ai pas lu ce livre mais une petite intervention pour vous parler d'un projet trĂšs intĂ©ressant autour de ces Ă©ditions Soleil et France Inter ont entrepris d'adapter ces lettres au format BD. 20 lettres parmis les plus intĂ©ressantes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es et confiĂ©es Ă  20 auteurs contemporains de bande dessinĂ©es pour une mise en le rĂ©sultat entre les mains et je ne manquerais pas de vous en parler quand je l'aurais en feuilletant un petit peu c'est dĂ©jĂ  pas lettre est accompagnĂ©e d'un petit texte parlant de son auteur avec mĂȘme des photos parfois. Suit la mise en tout est vendu 14€95 pour un album de 160 pages c'est pas si cher .Plus d'info ici avec en particulier la couverture et une planche. shenzyPrincesse aux petits de messages 3741Age 32Localisation somewhere over the rainbow...Date d'inscription 04/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Mar 21 Nov 2006 - 2250 Je me disais bien qu'on en avait dejĂ  parlĂ© de poilus. Citation Par contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s Je suis tout a fait d'accord avec toi, je n'y ai pas ressenti "un sang" froid mais une realitĂ© exposĂ© dans l'urgence. Un temoignage par moment qui ressemble a un dernier cri afin qu'on ne les oublie pas un peu comme les otages d'un avions qui ecrivent vite un dernier mot a leurs familles voyant le crash arriver a grand pas. Certains plien d'espoirs tentent de profiler un futur, d'autres n'y croient plus et puis l'expression de leurs douleurs, leurs desespoirs, leurs espoirs, et tout ce que la guerre a de plus horrible m'a profondement bouleversĂ©. C'est d'autant plus difficile a imaginer que nous n'avons pas connu la guerre et notre connaissance est celle de film ou de peu comme dans le journal d'Anne Franck, ces lettres etant veridiques nous plongent dans ce qu'a du etre l'horreur de ces hommes et imaginer en plus leurs familles les lire et souffrir avec eux est encore plus avoir Ă©tudiĂ© la condition des femmes dans tous les temps et dans tous les pays, je suis arrivĂ© Ă  la conclusion qu'au lieu de leur dire bonjour, on devrait leur dire pardon"Alfred de Vigny Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Page 1 sur 1 Sujets similaires» Paroles de poilus - Lettres et Carnets du front 1914-1918» Une aventure rocambolesque de..., de Manu Larcenet» Les carnets du Major Thomson de Pierre Daninos» Lettres anglaises - Olivier Barrot Bernard Rapp» Les lettres de mon moulin- Alphonse DaudetPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumLe Forum Des Lecteurs Forum Livre LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale classification par genres Culture gĂ©nĂ©raleSauter vers

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